jeudi 2 janvier 2014

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Enfin, la voilà. 2014. L'année qui ne rime avec rien.
Je passe ce premier jour de l'an entourée de neige et de ma famille. Toutes mes sœurs sont avec leurs copains, mes parents sont ensembles, je suis la seule à être seule. Nous n'avons jamais été autant ensemble en vacances, et je ne me suis jamais sentie aussi abandonnée. Quel est le pire entre être seule -effectivement seule- ou se sentir seule alors qu'on pourrait nous aussi être à 2 ? On passe notre temps à jouer, aux cartes, à des jeux avec des cartes, eux à regarder des cartes et moi à ne pas en écrire. Je n'ai pas l'adresse de ceux que j'aime, ni l'hypocrisie d'écrire à ceux dont j'ai l'adresse mais dont les nouvelles me laisse indifférente. J'ai laissé tant de personnes derrière moi en partant vers Rennes que je ne sais même plus qui me manque vraiment. Hormis deux, trois personnes dont l'amitié me semble indispensable, je me réjouis d'en voir certains mais oublie de penser aux autres. J'ai des nouvelles, c'est sûr, mais ce n'est pas moi qui les demande. En plus, elles sont le plus souvent triste. Même si on oublie souvent de dire les bonnes nouvelles. Surtout moi. Mais plus j'en entend, plus je me dis que partir était la solution. Partir, loin. Pas partir d'une ville à la voisine. Ceux qui sont restés semble tourner en rond, dans un bocal qu'ils explorent sans plaisir certain. D'autres se sont éloignés quelque peu mais reste dans une situation bloquée. On avait peut-être raison d'avoir peur, Faustine et moi, mais qu'est-ce qu'on en est récompensées ! Ma vie va tellement bien que je ne me rends plus compte que c'était difficile. J'ai rencontré des gens géniaux, j'ai crée d'autres liens, j'ai découvert d'autres villes, d'autres lieux. Mes repères ont changés, et ont dépoussiérés ma vie. Cela semble facile, beaucoup trop facile. C'est la première fois depuis septembre que je me sens triste, si triste de quitter quelque chose que je ne connaissais pas il y a à peine six mois.
A vrai dire, quitter la ville ne me chagrinait pas tellement. Quitter les gens bien plus, mais vivre avec tant de frustration me déprime. Un mois, c'est beaucoup trop long. Les autres font du ski, cela ne me dit rien. Je me réjouissais de pouvoir faire une seule heure de chien de traîneau (cette expression est bizarre) mais un seul coup de fil suffit à en apprendre l'impossibilité. Complet, ou annulé. A par marcher, jouer, lire -des choses en anglais histoire de pas perdre le fil- m'énerver pour des futilités comme le bruit, les répétitions, l’incompréhension, je ne sais rien faire d'autre. Je sais pas ce que je déteste le plus entre ces choses et le fait que je les hais. Je ne peux pas rester impassible, mais je me rend vite compte que c'est stupide. Mais j'ai beau essayer, je peux pas m'empêcher de haïr.
Un message me rappelle que je suis en attente des résultats de mes examens du premier semestre. Ah oui, c'est vrai. J'avais presque oublié. A vrai dire je ne connais pas plus le sentiment de stress maintenant que je m'en souviens. Comme si une implacable certitude formait la base de mes sentiments envers tout ce qui se rapproche au travail, au monde de l'école. Même pendant la semaine avant les résultats du Bac, j'avais oublié. Même si je suis moins sûre que pour le Bac, ces résultats ne m'inquiètent pas vraiment. C'en est presque triste. A quoi bon ? Des fois j'espère rater, me prendre une bonne claque, me rendre compte que tout n'est pas facile, passable, sans faire presque pas d'efforts. Mais au fond, j'ai envie de réussir, et je me souviens du temps de travail. Il est peut-être moins conséquent que d'autres, mais il est là. Il est passé. Et j'espère qu'il aura servi à quelque chose.
Je ne m'envisage même pas faire demi-tour. Pas maintenant.
Aujourd'hui je vois tout le monde faire son bilan, que ce soit avec un texte sur Facebook ou des photos sur Tumblr. Je n'ai pas envie d'en faire un, pas vraiment. Je préfère poster des objectifs plutôt que des acquis. Ils sont là, je ne pourrais pas les changer, à quoi bon s'attarder dessus ? Même si tout ce que je viens d'écrire peut être un genre de bilan, tant pis. Je sais même pas si le nouvel an veut dire quelque chose pour moi, au final. Pourquoi attendre une date pour prendre un nouveau départ ? On peut décider de changer n'importe quand, de se bouger à tout moment. Si on fini par attendre, on doit louper tant d'occasions de changer. Tous les jours, tous les instants, on peut se dire « Il faut que j'arrête ceci. » ou « Maintenant je vais faire cela plus souvent. ». Arrêter, commencer, aborder, découvrir, changer, développer, s'ouvrir. Heureusement que je n'ai pas attendu.

Heureusement.